(...) "Montre-moi tes déchets et je te dirai qui tu es."
Nos déchets font en effet partie de notre intimité directe, qu'ils soient matières organiques ou emballages plastique et cartons, aérosols et autres bidons d'huile ou produits toxiques. Ils indiquent notre façon de vivre et de considérer notre environnement direct et les êtres qui y évoluent.
L'exemple de ma voisine est typique de cette attitude "après moi le Déluge", encore trop courante dans nos villes et d'autant plus visible dans nos campagnes. Pour certains, heureusement, les déchets sont une richesse à garder, à valoriser chez soi et à utiliser pour ses plantes, son jardin. Cependant, encore trop peu de déchets sont aujourd'hui recyclés (20 % des déchets collectés).
(...) Composter ses déchets dans son jardin
La méthode de nos ancêtres est remise à l'ordre du jour. Les publications sur le compostage ne manquent pas pour enseigner de façon illustrée et complète cette accélération, contrôlée humainement, d'un processus que la Nature avait déjà prévu et dont la recette est simple comme bonjour : il suffit d'entasser de façon alternée ses déchets de cuisine (épluchures de fruits, de légumes, dits humides) et ses déchets de jardin (tontes, feuilles, tailles et branchages, dits plutôt secs ou à faire sécher) en proportion égale et, chaque semaine au mieux, de remuer pour aérer et d'arroser si besoin. Il faut éviter d'ajouter les protéines animales (générant des odeurs fortement désagréables) et les agrumes (trop acides). Et voilà un bon compost pour amender ses sols, les plantes et favorisant la venue des vers de terre, sauvegardant la biodiversité de nos jardins ! CQFD !
La Nature avait-elle pour autant prévu la propension de l'être humain à mordre la main qui le nourrit en achetant des accélérateurs de compost ?
Il n'en reste pas moins que de plus en plus de collectivités fournissent, souvent à très bas prix, voire gratuitement, des composteurs pour les habitations avec jardin : il suffit de se renseigner à sa mairie.
Les chiffres (Ademe) montrent que les utilisateurs de composteurs évitent ainsi à plus de 40 % de leurs déchets de ne pas être collectés et de servir en retour à nourrir le sol qui nous "supporte" !
Composter en appartement, c'est possible !
L'expérience sensorielle d'un lombricomposteur est l'argument en faveur de cette méthode de plus en plus connue et pratiquée en appartement. Cette douce odeur de sous-bois provient des vers de compost, qui se nourrissent de nos déchets, tout simplement, en silence et surtout sans odeur. Ces travailleurs infatigables du sol s'apprivoisent en appartement pour réduire les épluchures de fruits et légumes et aussi le papier et le carton. Leur menu suit la recette simple du compost décrite plus haut : déchets humides et secs. La proportion idéale est de 70 % de matières humides et 30 % de matières sèches, les vers ayant besoin d'un environnement contrôlé.
C'est une méthode parfaite pour les enfants, qui peuvent ainsi être initiés à la vie de famille et à ses responsabilités envers la nature et au respect : quel outil passionnant qu'un lonbricomposteur !
L'amendement produit est de haute qualité et peut être utilisé pour les jardinières publiques. Les déchets sont un lien social, indéniablement !
La règle des 3 R
Au niveau mondial, le slogan "Zéro déchet" est très parlant, même s'il reste un idéal difficile à atteindre à plus ou moins long terme. C'était celui, bien en avance, il y a 20 ans, des canadiens, américains et australiens qui ont rendu célèbre la méthode du lombricompostage pour l'habitat collectif.
La règle des 3 R, c'est une ligne de conduite pour chacun : "réduire, recycler, réutiliser", une ligne de conduite que nous nous devons d'appliquer et de faire appliquer autour de nous. C'est notre devoir de citoyen envers nous-mêmes et nos enfants.
Agnès Allart
Fondatrice et directrice de la société Vers la Terre
Le Lombricompostage Facile (www.verslaterre.fr),
fondatrice et présidente de l'association Art Bio,
l'Art du Recyclage (www.tripandtrip.com)